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Les thématiques de l’ORTEJ

  • Conciliation des temps de vie

    Comment concilier les temps de vie des enfants, des familles, des professionnels de l’éducation en visant le bien-être de tous et le développement optimal des enfants ?

    Éducation et développement de l’enfant

    Quels sont les dispositifs éducatifs et les initiatives les plus adaptées à la prise en compte des rythmes biologiques et psychologiques dans le développement de l’enfant ?

    Chronobiologie et chronopsychologie

    Comment les rythmes biologiques, psychologiques et sociaux influent sur l’action éducative ?
    Quelles sont les concepts, théories et travaux scientifiques sur les rythmes touchant d’autres enjeux ou populations et pouvant éclairer cette problématique ?

Trop forts les petits français ?

Par Jean-Pierre MAILLES

C’est ce qu’on peut être tenté de penser quand on réalise que les écoliers français apprennent en 140 jours d’école ce que leurs camarades européens font entre 180 et 220 jours (fourchette du nombre de jours de classes dans les différents pays). Malheureusement, les estimations et tests internationaux sur le niveau de nos enfants ne vérifient pas ce jugement.
Il n’est pas question d’énoncer ici, une relation de cause à effets. L’éducation est un phénomène bien trop complexe pour obéir à des lois déterministes. Chacun de nous a pu observer dans sa famille ou chez ses amis que, dans une fratrie, où pourtant le patrimoine génétique, les méthodes d’éducation, l’environnement socio-économique,… sont identiques, les résultats des frères et sœurs sont loin, eux, d’être identiques.
Si nous nous fions à notre sens commun (le 6ème sens de JJ Rousseau), nous savons bien que si un exposé est trop long, notre attention faiblit. Que notre attention varie au cours de la journée et qu’elle est généralement meilleure le matin qu’à l’heure de la sieste. Que la répétition et la révision facilitent la mémoire (Si on suit notre Ministre, cinq dictées doivent donc être plus efficaces que quatre !). Le bon sens semble donc plaider pour une semaine scolaire plus longue et mieux répartie.
C’est aussi ce que corroborent les travaux scientifiques et les études statistiques [1] . Ceux-ci mettent en évidence la variation de la concentration au cours de la journée, l’importance d’une rythmicité régulière de l’emploi du temps, et en particulier de celle du sommeil, l’effet d’une coupure dans les activités. Par exemples, la concentration est souvent moins bonne le lundi matin, ou ce n’est qu’après une semaine de vacances que l’enfant « oublie » ses horaires scolaires pour profiter pleinement du repos. D’autres études, plus sociétales telle celle de l’UNAF, décrivent le ressenti des enfants et des parents, le vécu des enseignants, l’influence sur la vie des adultes et l’activité économique, par exemple les activités sportives ou le tourisme.
Cette complexité du problème, la divergence des intérêts font qu’un arbitrage est nécessaire. A titre d’exemple, il me revient une intervention lors d’une séance de concertation : la même personne a d’abord demandé que les vacances scolaires commencent le week-end pour faciliter le travail des loueurs avant d’intervenir un peu plus tard pour demander qu’elles commencent en milieu de semaine pour permettre aux autocaristes de mieux rouler ! Ces contradictions ne sont pas scandaleuses, elles sont inhérentes à la vie. C’est le rôle du gouvernement de trancher entre ces différentes solutions. Mais dans ses décisions, l’écolier doit être au centre de ses préoccupations et ses choix doivent d’abord mettre les jeunes dans les meilleures conditions d’apprentissage. Il ne faut pas que l’égoïsme des adultes prime sur l’intérêt de l’enfant. Et d’après les travaux scientifiques, l’intérêt de l’enfant pour optimiser ses apprentissage, c’est neuf demies journées de classe.
Je n’ai pas abordé, dans cet article, l’autre facette de la réforme : celle des activités périscolaires, complémentaires des apprentissages fondamentaux. Complémentaires car elles procurent à l’enfant une application de ce qu’on lui enseigne et/ou une ouverture vers des domaines qu’il n’a pas l’occasion de connaître (civisme, culture, sports,…). Ceci est particulièrement important pour les élèves isolés (milieux sociaux défavorisés, ruralité,…).
Tous ces facteurs, rapidement esquissés dans cet article, méritent une analyse fine et un débat clair sans passion pour servir l’éducation de notre jeunesse et donc l’avenir de notre pays.

JP Mailles, Représentant du CNAFAL à l’ORTEJ, Président honoraire de la FCPE

Notes

[1On pourra trouver un résumé ou le rapport intégral de nombre de ces études sur le site de l’ORTEJ (Observatoire des Rythmes et des Temps de l’Enfant et des Jeunes)

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